Marie Nagy dénonce le soutien de la Ville de Bruxelles à l’élargissement du Ring voulu par la Flandre

Le projet d’élargissement du Ring, dans sa partie Nord a comme objectif de fluidifier le trafic entre Zaventem et Anvers.  Il s’agit d’une conception assez ancienne de la mobilité, qui postule que les problèmes de congestion seront solutionnés par une augmentation de la capacité routière. On passe ici de 6 à 10-14 bandes de circulation.  C’est oublier qu’il y a un phénomène d’aspiration et que selon les spécialistes dans 5 à 10 ans les nouvelles infrastructures seront à leur tour saturées ayant attiré plus de voitures et de poids lourds. Les solutions passent donc par une approche différente : co-voiturage, mise en œuvre de l’offre RER, renforcement des transports publics dans et vers la Région bruxelloise, gestion de la logistique.

Les effets de l’augmentation prévisible de la circulation routière sont l’augmentation de la pollution (qui est déjà importante) et des émissions de CO2 responsables du changement climatique. Santé publique et environnement trinquent.

Ce projet porté par le Région Flamande se développe sans concertation réelle avec la Région bruxelloise et cela en dépit de la directive européenne sur l’impact des grands projets qui prévoit une forte concertation entre régions limitrophe dans ces cas.  Seule la commune de Jette suit de près ce dossier et exprime son opposition. A la Ville de Bruxelles qui est directement concernée (le Ring touche le territoire de la Ville  sur 700 m) la position défendue par le Collège PS/MR/Vld est « favorable à l’optimisation ». J’ai déjà interrogé l’Échevine de la Mobilité, Els Ampe en décembre 2017. A ce moment là, l’Échevine  s’était engagée à désigner un représentant de la Ville auprès de la  société créée par la Région Flamande pour la mise en œuvre de ce projet.

Je suis revenue sur la question pour savoir  quel en était le suivi,  si elle était consciente des problèmes de mobilité que ce projet va entraîner dans les quartiers du Nord, quartiers pourtant déjà assez saturés et qui vont connaître une augmentation du trafic supplémentaire avec le développement du projet NEO sur le plateau du Heysel.

Je l’ai également interrogé sur l’information et la participation des habitants concernés.

Voici ses réponses que je reproduis telles qu’elles m’ont été communiquées:

« La cellule MOB (mobilité) continue à suivre les réunions techniques et les ateliers organisés par le Werkvennootschap. Une réunion entre le Werkvennootschap et la Ville a d’ailleurs été organisée et prochainement le Werkvennootschap viendra présenter l’état d’avancement du dossier. La Ville a groupé les informations relatives aux projets dans la zone à proximité du Ring et transmis à la  Werkvennootschap. La cellule MOB rapporte les demandes du Werkvennootschap au cabinet  de la Mobilité.

Il n’y a pas encore un avis sur le projet car à l’heure actuelle il s’agit des scénarios à l’étude, principalement sur les modalités des entrées/sorties dans la zone située entre Jette et l’A12. En tout cas la Ville a déjà souligné dans les contacts avec de Werkvennootschap qu’il est souhaitable que le projet du Ring doit également comprendre des nouvelles infrastructures pour cyclistes (traversées du Ring) et que le projet doit améliorer la qualité de vie pour les riverains situés sur les voiries dans la zone concernée et en particulier sur les voiries qui donnent accès au Ring ; le principe étant que le projet du Ring doit permettre de concentrer davantage le trafic de transit sur le Ring en évitant ce trafic sur les voiries du réseau plus local.

Le collège va organiser cette concertation et information auprès des habitants des zones concernées après que de Werkvennootschap a développé de façon plus approfondie les scénarios qui sont pour l’instant à l’étude afin de présenter des solutions/scénarios réalistes aux habitants. Cette concertation se fera dans le courant des prochaines semaines.»

En conclusion, bien que la Ville ait une attitude de collaboration avec le projet d’élargissement, il n’y a pas vraiment de plan de mobilité pour les quartiers concernées qui pourrait garantir que l’on évite le trafic dans les quartiers environnants. Pourtant ce n’est pas dans l’intérêt des bruxelloises et des bruxellois que ce projet se fasse. Ils seront impactés par la pollution et par l’accroissement de la circulation.  Les habitants demandent plus que jamais à être informés et écoutés dans ce genre de dossier. Je suis à leur côté pour faire respecter cette exigence.

En cette fin de législature communale, force est de constater qu’il n’y a aucune approche globale de la Ville en matière de mobilité. Pourtant santé, environnement et qualité de vie des habitants sont en jeu et des solutions sont possibles à condition de bien répartir l’usage de l’espace public, de favoriser les transports publics, le vélo et la marche à pied. L’ensemble du Conseil Communal a approuvé un plan Climat et une motion visant à améliorer la qualité de l’air aux abords des écoles.  Et pourtant le bilan en matière de mobilité est très faible.