Le centre de Bruxelles une attraction touristique non-stop ?

A l’ordre du jour du Conseil Communal de ce lundi 9 février, le point 7 attire notre attention. La très libérale échevine du Commerce veut promotionner l’ouverture des magasins le dimanche.

L’explication qui est donnée est de satisfaire le désir des touristes de faire des achats dans les magasins de la rue Neuve et alentours et notamment rue Dansaert et rue de Flandres dans le quartier Sainte-Catherine, voire au Sablon.

Dès lors, le collège lance une grande opération pour obtenir du Ministre des Classe Moyennes la reconnaissance en tant que centre touristique de tout le Pentagone, c’est-à-dire de tout le centre entouré de la Petite Ceinture afin d’obtenir la possibilité d’ouvrir les magasins tous les dimanches de l’année.

Il s’agit là d’une fragilisation des conditions de travail dans le secteur. Utile vraiment ? La législation actuelle permet déjà d’ouvrir 15 dimanches par an, mais cela ne semble pas suffisant.

Quelles sont les motivations exprimées par le Collège de la Ville de Bruxelles : l’importance de l’attractivité touristique du centre et la volonté d’accentuer encore cette attractivité touristique, via la piétonisation des boulevards, la création de nouveaux parkings. Le Collège entend aussi consacrer 150.000 euros à la promotion de cette ouverture des magasins le dimanche.

Dans les exemples d’attractivité on trouve, outre la grand Place, le Manneken Pis et les musées, le PS/MR citent l’organisation de Plaisirs d’hiver, qui pour un budget annuel de 500.000 euros générerait 23 millions de rentrées pour les secteurs de l’horeca, des commerces et des parkings. Dans les actions à développer on trouve aussi le « Beer Tempel » vitrine de la bière belge (qui fera la part belle aux grands brasseurs ndlr) et qui selon le collège pourrait attirer entre 400 et 800 mille visiteurs par an, soit autant que l’Atomium.

On doit s’interroger sur le caractère très consumériste du projet proposé, bien que beaucoup pourraient y trouver des éléments d’attraction, pourquoi pas ? Il est aussi frappant qu’aucune étude d’impact réel sur l’attractivité réelle de la mesure ne soit donnée en appui. On part du principe que le bilan économique et en emploi sera positif. Peut-être, mais qu’est-ce qu’on doit attendre réellement ? Les petits et moyens commerces vont-ils suivre ? La rue Neuve et City II sont très demandeurs, mais avec quelles conséquences ?

Il est frappant aussi que l’échevine du Commerce n’ait pas consulté la structure régionale chargée du développement du commerce, Atrium. Elle a préféré créer sa propre asbl para communale (Marion Lemesre était dans l’opposition une farouche opposante des structures « obscures » de la Ville) « Entreprendre Brucity » ; elle a commanditée pour 200.000 euros une étude pour un « Schéma de Structure Commercial » dont on attend encore les résultats. La décision semble précéder la réflexion.

Le Pentagone (le centre ville de Bruxelles) compte 50.000 habitants, durant 20 ans la Ville et la Région de Bruxelles ont investit énormément pour favoriser la « revitalisation » de la Ville, le logement, le maintien et le retour des habitants. Le centre a gagné 10.000 habitants en 20 ans. La nouvelle majorité socialiste et libérale, ne mentionne jamais les habitants ou le logement dans les motivations de ses grands projets. Cette dimension est escamotée devant l’attractivité commerciale et touristique du centre. Les acteurs privés, que ce soient les grandes enseignes, les sociétés de parkings, les hôtels guident l’action de la majorité. Pour citer un habitant du centre à une réunion de « participation » : le tourisme guide l’urbanisme.

  1. Thomas Sennesael

    Merci pour la réaction à la proposition de Marion Lemesre. Quand j’ai appris la nouvelle de cette proposition, je n’ai pas bien dormi et je me suis senti bien seul. Je suis conscient qu’une proposition de ce type doit arriver tôt ou tard, venant des défenseurs du système dominant, qui ne semblent pas voir d’alternatives à la consommation de biens comme preuve de bonheur. Le jour où on implémenterai cette mesure, je serai dans la rue à manifester. Peut-être je devrais déjà y être.

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