GlobeAroma: le Bourgmestre couvre l’action de la police ?

Ce lundi 26 février, je suis intervenue au nom du groupe Défi pour interroger le Bourgmestre à propos de la descente de police intervenue ce 9 février dans les locaux de l’asbl Globe Aroma. Cette association culturelle, soutenue par la Ville et par la VGC, a comme mission d’impliquer les refugiés et les sans-papiers dans des activités artistiques dans une démarche de meilleure intégration dans notre société. Les policiers de la zone de Bruxelles-Capitale-Ixelles ont pris part à cette descente qui s’est terminée par la détention de 7 artistes sans papiers, dont 2 se retrouvent aujourd’hui enfermés dans le Centre 127bis avec un ordre de quitter le territoire.

Cette intervention, qualifiée de « musclée », a suscité, à juste titre, une levée de boucliers, dont une lettre au Premier Ministre co-signée par 200 organisations. D’une part parce que cela concerne une asbl soutenue par les pouvoirs publics, ensuite parce qu’il s’agit d’activités artistiques, un monde qui se veut ouvert et accueillant, dont les activités visent aussi ce public cible des primo-arrivants, refugiés et sans-papier. En tout état de cause une telle brutalité ne peut se justifier.

Suite à une question d’actualité à la Chambre de Représentants, posée par Olivier Maingain, nous avons appris par la bouche du Ministre Jambon, que cette intervention se faisait à la demande de la police de Bruxelles dans le cadre du dispositif Belfi. Ce programme doit permettre le contrôle administratif et judiciaire de personnes morales dont les activités participeraient au développement du radicalisme ou à ses phénomènes de soutien comme le trafic de faux papiers, le trafic d’armes ou encore de stupéfiants. Ce sont les « allées et venues » importantes qui ont inquiété la police locale. Je rassure le lecteur, aucun indice de ce type d’activité n’a été trouvé, mais cela explique l’intervention, selon la police.

Il me faut dénoncer ici la légèreté sur base de laquelle cette intervention a été décidée. J’en veux pour preuve que dans la réponse à l’interpellation, le Bourgmestre de la Ville a annoncé qu’à l’avenir une meilleure concertation avec lui et l’Echevine de la Culture devait avoir lieu pour prendre l’initiative d’une telle intervention.

Dans le contexte actuel où la question de la migration est utilisée à des fins électorales plus qu’à trouver des solutions, l’incursion des forces de police, à l’initiative de la police locale dans une institution à vocation artistique et d’insertion, pose question et doit être dénoncée.

Deux personnes se trouvent menacées d’expulsion, un artiste qui fréquentait les locaux de GlobeAroma et qui exposait à « Cartes de Visite », initiative de la Ville de Bruxelles et un militant de la CSC. Les milieux artistiques se sont mobilisés à juste titre, interpellant les autorités publiques sur la proportionnalité de l’usage de la force et le choix du lieu pour cette intervention. L’ASBL a porté plainte au Comité P, le comité de contrôle de la police. Le Bourgmestre PS de la Ville, qui au fédéral se distancie de la politique menée par la NVa se voit ici couvrir une action dont se félicite Jan Jambon, mais qui jette le doute sur le fait que la Ville de Bruxelles soit une commune hospitalière, comme il le prétend par ailleurs.