Le Parc de Bruxelles doit retrouver son éclat et sortir de l’illégalité

Le parc de Bruxelles est à juste titre un des plus renommés de la Région Bruxelloise. Pourtant son état laisse fortement à désirer sur de nombreux points. Son statut de parc classé ne semble en effet en rien lui épargner les affres d’une gestion défaillante, et partant de là un état critiquable. Après avoir interpellé assez vainement les autorités de la Ville en charge de sa gestion en octobre, je me suis tourné vers l’échelon régional. Ce mercredi 9 décembre j’ai donc interpellé Charles Picqué, le ministre en charge du patrimoine, sur le dossier. Sa réponse m’a donné toutes les raisons de croire à une amélioration nette de la situation. Le groupe Ecolo demeurera néanmoins vigilant.

Le Parc de Bruxelles compte parmi les plus renommés de la région. Il faut dire que peu de parcs bruxellois rassemblent autant de qualités paysagères, environnementales, patrimoniales, et historiques. Car ce parc ne constitue pas uniquement la plus vaste poche de verdure du Pentagone, il constitue aussi un lieu d’art et d’histoire sans pareils à Bruxelles. Encadré par des hauts-lieux du pouvoir, s’insérant dans un ensemble classique d’une rare unité, situé dans le cœur touristique de la capitale, ce parc continue d’occuper aujourd’hui une place essentielle dans la Région Bruxelloise.

La gestion de ce parc revient à la Ville de Bruxelles. Cette gestion est encadrée par une convention entre Fédéral, Région et Ville. Celle-ci stipule les obligations des parties. Très dégradé dans les années 1990, le parc a été restauré avec Beliris en 2001 : arbres malades abattus, arbres replantés, bosquets revivifiés, chemins retracés, mobilier rajeuni… La restauration du parc n’a donc pas 10 ans. Pourtant, à s’y promener, on peine à le croire. Le Parc de Bruxelles n’est en effet en rien la vitrine qu’il devrait être.

En octobre dernier, j’avais interrogé à l’occasion d’un Conseil Communal de la Ville de Bruxelles l’échevin en charge des Espaces verts, Bertin Mampaka. Les manquements alors énoncés étaient nombreux. Ils n’ont en rien évolué depuis :

– la couleur des bancs du parc est souvent celle des tags qui les jonchent. Des tags persistants touchent pareillement statues, murets, panneaux, et autres mobiliers urbains. Ce phénomène atteint de telles extrémités qu’on voit mal comment s’épargner une nouvelle opération de restauration ;

– l’état des pelouses est à l’image de celui du mobilier urbain : désastreux. La terre y affleure, et des sentiers y apparaissent. Le jogging contribue à cette situation, alors que sa place est dans les allées. Après chaque manifestation organisée dans le parc, les pelouses demeurent recouvertes de détritus ;

– si les pelouses sont souvent sales, les allées le sont aussi. Mais là, un autre mal, plus inquiétant encore, guette : le ravinement de la dolomie ;

– dans l’allée centrale on trouve un kiosque avec une buvette. Le choix de l’exploitant relève de la Régie Foncière qui passe une convention. Celle-ci stipule l’impossibilité pour l’exploitant de placer des publicités. C’est pourtant le cas ;

– depuis quelques temps le parc a été transformé, côté rue Ducale, en un parking à ciel ouvert pour des camions de service des espaces verts de la Ville. Un espace a été aménagé à cet effet ;

– la gestion des massifs de plantations en talus pose également question : partout de la terre nue entre les buissons. Conséquences : la terre est lessivée par la pluie ; les plantations souffrent de la sécheresse ; les racines se dénudent ; l’aspect des massifs est triste ; le moindre déchet est visible. Cette méthode n’est pourtant plus utilisée dans les autres parcs de Bruxelles, classés ou non, gérés ou non par la Région. On y utilise dans les massifs des plantes couvre-sol (comme des lierres), qui stabilisent les terres et donnent un aspect verdoyant toute l’année, en même temps qu’ils offrent un refuge à la faune. Etrange conservatisme.

Face à cette situation critiquable, l’échevin m’avait répondu en substance que bien que conscient des problèmes actuels du parc, la volonté de la Ville d’en faire un lieu vivant et animé entrainait inévitablement certains désagréments.

Insatisfaite de la réponse de l’échevin, et désireuse d’une amélioration rapide, je me suis naturellement tournée vers l’échelon régional. En effet, le Parc de Bruxelles est classé dans son ensemble, et en ce sens, le ministre en charge du patrimoine, Charles Picqué, a plus qu’un droit de regard sur sa gestion. Dans la réponse qu’il a faite suite à mon interpellation en commission de l’Aménagement du territoire mercredi 9 décembre, Charles Picqué a exprimé la même insatisfaction sur de nombreux points, et la volonté de sortir rapidement de cet état de fait.

Selon lui, bien que le parc doive rester un lieu animé et vivant, la Ville doit se montrer plus stricte par rapport aux sollicitations d’organisateurs d’événements désireux de l’utiliser. Là où il pense qu’une réflexion plus poussée devrait être menée, c’est au niveau de la compatibilité de ces événements. Tout ne peut pas prendre place dans un lieu chargé d’histoire et de patrimoine comme le Parc de Bruxelles. On pourrait par exemple mieux apprécier cette compatibilité avec certains événements en fonction des camions que ces événements nécessitent pour leur installation. Ce sont souvent ces derniers qui sont à l’origine des plus graves dégradations : parterre de gazon, dolomie, et bordure défoncés…

En outre, même si cela semble d’une évidence première, tous les événements qui ont lieu dans le Parc doivent avoir reçu une autorisation formelle pour ce faire. Selon le Ministre-Président, cela n’aurait probablement pas été le cas pour tous à ce jour, par exemple pour le festival de théâtre nomade, ou l’installation des sculptures de Jean-Pierre Rives.

Enfin, le Ministre-Président a confirmé ce que je pensais personnellement : le parking des camions de la Ville est illégal. L’infraction aurait d’ailleurs déjà été constatée dans un pv. L’affaire suivrait son cours. Le groupe Ecolo restera attentif.

Globalement le Ministre-Président s’est donc montré préoccupé par la situation du Parc de Bruxelles. Pour que des solutions efficaces soient apportées à tout cet ensemble de problèmes, il a promis l’adoption d’un nouveau protocole d’accord régissant la gestion du parc. Le groupe Ecolo du Parlement Régional Bruxellois s’en réjouit et fera en sorte que cette promesse se concrétise rapidement et ambitieusement.